Rapport de lecture – IBM utilise Second Life pour organiser des conférences

23-05-2009 06-40-08

Je sais, le document est sorti il y a un moment, mais je profite de mes vacances pour le lire calmement…

En bref

IBM est une des entreprise qui a investit le plus d’énergie dans les univers 3D. l’île IBM est l’une des premières que j’ai visitée et si vous fouillez sur le web vous trouverez de nombreux témoignages de l’intérêt d’IBM pour Second Life et OpenSim.

Le document explique comment Second Life est apparu comme une solution intéressante pour organiser des conférence et comment cette solution est de plus en plus utilisée.

Il reprend des passages des interviews des responsables de l’organisation de ces évènements et raconte ce choix de d’outil à la manière d’un récit d’aventure (je trouve ce choix rédactionnel pas idiot…).

Le document fait le point également sur les bénéfices de l’usage de l’outil SL, le ROI et les retours des participants.

 

Le chemin de l’adoption

Dans la liste de questions que j’avais en entrant dans ce document, les premières tournaient autour de “qui sont les utilisateurs ? qui sont les organisateurs ? comment sont-ils parvenus à prendre cette décision dans une boîte de la taille d’IBM ?”…

Sans dévoiler les secrets du document (que je vous engage à lire !), il est vrai que cette aventure démarre dans une niche d’ultra-early-adopter : un groupe de 330 innovateurs triés sur le volet parmi les 200 000 employés d’IBM pour leur ouverture et leur capacité de prospective.

Le sujet de la toute première conférence est lui aussi assez facile à transporter dans SL : “l’intérêt des mondes virtuels”… ok, organiser une conférences sur les mondes virtuels, pour des innovateurs, dans un monde virtuel, ça n’est pas vraiment un exploit d’originalité ! Ca peut encore passer pour un truc de geeks, pour les geeks qui parlent entre eux de trucs de geeks…

Là où ça devient intéressant c’est qu’ensuite, des restrictions budgétaires forcent ce même groupe à organiser sa conférence annuelle générale dans SL. On utilise bien SL pour un sujet d’ordre général, toujours pour un public spécifique, mais on imagine mieux cette expérience servir d’exemple pour parler à une entreprise lambda.

Suite à cette deuxième conférence, les organisateurs auraient reçu plusieurs demandes (vingt demandes différentes dans la semaine qui a suivi l’évènement). Et c’est là qu’on voit clairement la généralisation de l’outil.

Ma conclusion en terme de levier de généralisation : l’usage, l’accompagnement, le professionnalisme dans l’organisation, ne pas hésiter à travailler des sujets “normaux” (non geek !) et surtout viser l’effet boule de neige (= soigner les premiers… !).

 

Les bénéfices perçus

L’un des intérêt de la lecture complète du document (et pas seulement de la première page !) est qu’on y voit clairement plusieurs bénéfices importants :

  • Des économies
    • 20% du prix de l’organisation par rapport à une conférence physique, sans compter que les installations construites peuvent re-servir,
    • Gains de productivité des participants qui peuvent se déconnecter et se remettre de suite au travail,
    • De la même manière que dans le cas du cloud computing (pour ceux qui lisent ce fil depuis un moment !) l’abondance crée l’usage : des gens qui se rencontraient peu organisent des rencontres maintenant régulièrement. Je range ça dans les économies.
    • Dans la lignée de la ligne du dessus, les gens qui ne pouvaient pas voyager (grades, famille, …) participent maintenant comme les autres,
    • Pour la première conférence (220 personnes, 3 jours) IBM fait le calcul suivant
      • Investissement = 80 000 USD (pour de bien belles installations… sachant que la formation des utilisateur était assurée par des bénévoles),
      • Economies en frais de déplacement et organisation : 250 000 USD
      • Gains de productivités : 150 000 USD (les utilisateurs peuvent reprendre leur travail de suite après avoir quitté la conférence)
  • De l’immersion - morceaux choisis :
    • « Il aurait été difficile pour de nombreux participants de prendre le temps nécessaire pour assister à un événement physique. » (un utilisateur)
    • À la fin de la journée, les participants se rassemblaient dans divers endroits, la zone de pique-nique étant l’un des favoris, pour discuter…
    • Pouvoir se voir et partager un espace intéressant a vraiment contribué à la sensation de participer à un événement ; cela était très différent d’une conférence téléphonique.
    • « Vous pouviez aller dans l’espace réservé à la conférence à n’importe quel moment de la journée, il y avait toujours au moins une dizaine de personnes dans le hall en train de discuter. », l’organisatrice, surprise
    • « L’immersion dans Second Life est une expérience psychologique assez étrange, j’avais vraiment l’impression d’y être, en chair et en os. Je me regardais en train de me déplacer et de parler aux gens. Des collègues venaient me voir...”, la directrice de cette partie d’IBM,
    • « Lorsque les gens se sont réveillés le jour après la réunion virtuelle, l’impression qu’ils avaient n’était pas du tout la même que celle laissée par une conférence web ou téléphonique. Ils avaient vraiment l’impression d’avoir assisté à une réunion en temps réel, d’avoir interagi avec d’autres individus et d’en avoir retiré des informations tangibles. », l’architecte

 

Ma conclusion

Même si, au premier abord, les liens entre IBM et ces outils, et le profil (supposé réceptif) des IBMers, pourraient facilement empêcher une entreprise lambda de se projeter dans cet exemple, j’ai le sentiment que c’est ce genre de document qui va faire prendre la mayonnaise.

Aucun mot, en revanche, sur les utilisateurs qui ne s’y sont pas retrouvés, ceux qui n’ont pas accroché, ceux (par exemple, ça aurait été mon cas) qui trouveraient bizarre de ne pas voir les vrais noms et de parler à un collègue bedonnant déguisé en lapin géant… cette idée de deuxième vie qui remplace la première (troquer sa vie pour celle d’un lapin géant… !) me gène pour me projeter complètement.

 

Bref, une étude de cas qui manque d’objectivité, mais importante et apportant beaucoup d’enseignements.

A LIRE ;D

Commentaires

Lgalichet a dit…
Bravo Christophe pour ton analyse.

J'aime bien l'idée et je réféchis de plus en plus (et ce à cause de toi) à le proposer à certains de mes clients.

La complexité est de vulgariser l'outil, que les clients potentiels le comprennent, l'acceptent, voient l'intéret mais surtout qu'ils comprennent comment faire adhérer LEURS utilisateurs/clients potentiels ...

Peut-être que si cet outil était partie intégrante d'un réseau social professionnel, cela aiderait, non ? (genre un Viadeo ou un Linkedin)
Content de t'avoir converti ;D !
Pas con l'idée du lien avec un réseau pro. Il y a 2 bonne sidées là dedans :
- le lien entre web 2D et web 3D
- SL a toujours été un réseau social, mais effectivement moins orienté professionnel

A ta dispo pour échanger avec tes clients !